jeudi 13 avril 2017

Eau potable: quand l'Essonne s'émancipe, les lobbys s'affolent (1)


En Essonne, nous ne sommes jamais au bout de nos surprises,  quand le lobby de l'eau s'agite pour préserver son emprise sur les collectivités locales.

Et une station toute neuve mise au rebut!

Rappelons-nous, l'an dernier, le zèle mis par MM. Vilain et Sauerbach, respectivement  maire de Viry et président de feu la CALE (Agglo des lacs de l'Essonne ), pour fermer la station flambant neuve de connexion sur l'Aqueduc d'Eau de Paris, pour se réalimenter au prix fort auprès de la Lyonnaise,

Et un contrat signé à l'arrache pour priver les électeurs et les élus de tout pouvoir de décision!

Rappelons nous l'abracadabrantesque délibération mise au vote par Robin Reda, président de feu la CALPE (Agglo des portes de l'Essonne), lors de son dernier conseil communautaire avant son absorption par l'EPT 12 du Grand Paris, pour prolonger par anticipation de 20 années supplémentaires,  le contrat de vente d'eau en gros de Suez aux communes de Savigny/Orge et Paray.
Pas étonnant, diront les  blasés , s'agissant d'élus dont la complaisance à l'égard des lobbyistes des multinationales est une profession de foi.

Et ...un partenariat Public-Privé improbable, à l'insu de notre plein gré,

Mais la connivence refait aussi surface en des lieux où on ne l'attendait moins.
Ce fut le cas début mars, avec cette co-invitation  de GPS  (Grand Paris Sud) et de Suez (reproduite ci-dessous), pour promouvoir la dernière combine de Suez: à savoir, la décarbonation (adoucissement) de l'eau de ses usines de repotabilisation d'eau de Seine. Une opération cousue de fil blanc  pour en augmenter le prix et, surtout, pour verrouiller la  prolongation pour au moins 15 ans  des contrats des collectivités et opérateurs publics essonniens avec elle  pour leur approvisionnement en eau.

De : Bonin, Camille [mailto:camille.bonin@suez.com]
Objet : INVITATION – 17 mars - Petit déjeuner autour des enjeux du calcaire dans l’eau potable
Bonjour,

Les services de Grand Paris Sud
et les équipes de Suez, Eau de Sénart et Société des Eaux de l’Essonne, ont le plaisir de vous convier à une matinale technique d’information sur les impacts du calcaire présent dans l’eau et les solutions de traitement collectives envisageables.


Comptant sur votre présence pour cette première !

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Une invitation accompagné d'un clip de propagande sur You tube,  https://www.youtube.com/watch?v=qCKI3U75K68 qui, sur le registre de
 "l'ingéniosité et  la pureté des intentions de Suez racontées aux petits enfants",  est un morceau d'anthologie.

De Grand Paris Sud,  Communauté d'Agglomération, gestionnaire à ce jour de la plus importante régie publique d'eau potable (sur l'ex-territoire d’Évry Centre Essonne) du Sud Francilien, on était en droit d'attendre un peu plus de d'esprit critique et de lucidité envers cette opération.

L'Essonne, enjeu majeur de la guerre de l'eau?

Pour en prendre la mesure, il faut garder à l'esprit le contexte Essonnien de cette opération de promotion précipitée Suez et ses usines  au préjudice des intérêts des collectivités et des habitants,
Ce contexte, c'est l'échéance prochaine des contrats de DSP de l'eau  Communauté Paris-Saclay (dépendante à 80% de Suez pour sa production et son alimentation en eau potable, le reste au SEDIF).

Le contexte, c'est la réactivation des études avec la Régie d' Eau de Paris, pour que les communautés d'agglo du 91 et du 94  (GPS, Coeur d'Essonne Agglomération,et l' EPT 12,) traversées ou voisines des aqueducs de la Vanne et du Loing de la Régie d'Eau de Paris, puissent bénéficier au passage de leur eau de source au meilleur prix, sachant qu'ils sont    aujourd'hui en très nette surcapacité vis à vis des besoins des parisien.
Le contexte, c'est que nous sommes à quelques semaines du démarrage de la Régie publique d'Eau Cœur d'Essonne ( qui desservira à compter de mai prochain les 133 000 habitants du Val d'Orge) après 90 ans de DSP ( à 97% du total avec Suez),  et alors que vient de démarrrer  la Régie de Briis,  jusqu'alors également  en DSP avec la Lyonnaise.
Autrement dit, le contexte permet enfin  les opérateurs publics construisent le  rapport de force, permettant de s'affranchir de l'abus de position dominante de Suez sur la production d'eau en Essonne : une nouvelle donne, permettant des solutions alternatives plus écologiques et moins coûteuses d'approvisionnement en eau, en réduisant drastiquement la clientèle captive de Suez. Un contexte qui contraindra enfin suez  à vendre l'eau en sortie d'usine au prix réel (aujourd'hui, elle est vendue 70% plus cher que selon le barème moyen de l'agence de l'eau Seine Normandie). Un contexte, dans lequel, nous pourrons même revendiquer la réappropriation par les collectivités de ces usines amorties et déjà payées à travers les factures des usagers.
 

Pollueur? Même pas honte!

Et puis, quand même, comment oser promouvoir Suez en matière de qualité de l'Eau en Essonne, alors que les derniers rapports, montrent qu'ils n'ont même pas été capables depuis 10 ans que ça dure de traiter la pollution au sélénium au-delà des normes légales, de leurs captages en sud Essonne ( captages d'eau souterraine opérés dans les communes de Courdimanche -sur-Essonne et Gironville sur Essonne qui desservent ces 2 communes et celles de Boutigny, Vayre, Prunay, Buno-Bonnevaux)?



Le déni de démocratie dépasse l'affliction

Le p'tit déj offert le 17 mars à l'hôtel Ibis d'Evry a été l'occasion d'une nouvelle surprise:
la découverte que les élus responsables de la compétence Eau au sein de Grand Paris Sud  à savoir Philippe Rio Vice-Président et Jacky Bortoli, conseiller délégué, avaient tout bonnement été  écartés de cette opération montée par Suez et ses affidés au sein de GPS ( un avis de recherche est lancé, comme toujours,  c'est pas moi ,c'est l'autre en pareil situation). Une confusion des rôle que n'a pas manqué de regretter  M. Jacky Bortoli, qui s'était déplacé pour rappeler aux uns et aux autres que les élus n'entendaient plus se laisser dépossèder de leurs prérogatives.
Une position difficile à intégrer par Suez qui continue, comme au bon vieux temps de sa domination sans partage, à traiter les collectivités comme sa chasse gardée le 17 mars, on commence en invitant les responsables des services techniques des communes. Peu importe que les communes n'aient plus la compétence eau potable;  il s'agit de tisser un réseau d'influence autour des élus pour leur vanter l'excellence de la proposition de Suez;
Une fois instauré ce climat d'écoute bienveillance, on passe à la phase 2 avec une invitation élargie aux élus le 24 avril cette fois-ci au Novotel d'Evry.


Est-il besoin le préciser? Alors que l'opération Eau douce se prétend comme une réponse à l'exigence pressante des usagers excédés du calcaire dans l'eau, ces usagers ne  seront invités ni à la première , ni à la seconde étape de cette campagne de mise en condition.

Le temps béni des boniments sans démenti est révolu   

C'est bien connu , les prédateurs, c'est comme les vampires, ça ne supporte pas la lumière du jour.Il  a suffit d'une information pourtant modeste sur cette opération Eau douce, pour susciter une réaction des élus et des usagers  qu'elle cible. La confiance et la détermination ont changé de camp. Les contre-véritées et omissions de la campagne de suez sont mis en exergue. Et la mise en évidence de l'appétit intact  du lobby de l'eau constitue un encouragement salutaire au partenariat entre opérateurs publics au service de l'eau bien commun,

La suite dans notre prochain article







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